juillet 23, 2024
BILBoardBILBoard Août 2024 – Les actions affichent un éclat estival
Basé sur la Committee du 15 juillet 2024
Ces dernières semaines ont eu lieu deux événements notables, favorables aux investisseurs.
Premièrement, l’inflation aux États-Unis a ralenti pour le troisième mois consécutif en juin. L’inflation globale est ressortie à un niveau inférieur aux attentes (3 % en glissement annuel) et, en glissement mensuel, les prix ont diminué (-0,1 %) pour la première fois depuis mai 2020. L’IPC sous-jacent (qui exclut les catégories volatiles telles que l’alimentation et l’énergie), mesure cruciale, est tombé à 3,3 %, son plus bas niveau depuis plus de trois ans. « C’est à cela que ressemble le chemin vers une inflation de 2 % », a conclu le président de la Fed de Chicago Austan Goolsbee. De son côté, Jerome Powell s’est également dit satisfait des données récentes. Cette tendance peut-elle durer ? Nous pensons que oui. Les prix des denrées alimentaires et de l’énergie au niveau mondial restent raisonnables et la dégradation du marché de l’emploi mine le moral des ménages, ce qui renforce la probabilité d’un ralentissement de la consommation dans les mois à venir. L’avantage de cette situation est qu’elle pourrait entraîner une nouvelle atténuation de la pression sur les prix. Ces observations sous-tendent l’hypothèse selon laquelle la Fed amorcera bientôt son cycle d’assouplissement. Les marchés considèrent aujourd’hui qu’une baisse des taux US en septembre est pratiquement acquise et qu’une autre baisse interviendra vraisemblablement en décembre. Pour de nombreux acteurs des marchés financier, le risque d’une baisse trop tardive des taux par la Fed, menant à atterrissage brutal de l’économie, s’estompe.
Deuxièmement, le rebond qui a propulsé l’indice S&P 500 vers de nouveaux sommets (au nombre de 38 cette année) ne concerne plus uniquement les mégacapitalisations surfant sur la vague de l’intelligence artificielle (IA). Les actions des entreprises de plus petite taille se comportent mieux, portées par la perspective de plus en plus concrète d’une baisse des taux d’intérêt de la Fed. Par exemple, l’indice Russell 2000 des petites capitalisations a atteint son plus haut niveau depuis deux ans et demi. Pour illustrer l’ampleur du retour en force des petites capitalisations, ce même indice vient d’enregistrer cinq séances consécutives de hausse égale ou supérieur à 1 % et ce pour la première fois depuis 1979. Il s’agit d’un signe prometteur pour le marché haussier actuel, car le risque de concentration – l’une des principales craintes quant à la pérennité du rebond du marché en 2024 – est en train de s’atténuer.
Stratégie d’investissement
ACTIONS
Compte tenu des évolutions susmentionnées, nous avons augmenté notre exposition aux actions américaines pour tous les profils de risque éligibles, avec une légère surpondération à la clé dans l’ensemble. D’un point de vue économique, nous considérons que la faible croissance du PIB au premier trimestre occulte une certaine vigueur sous-jacente et que le deuxième trimestre pourrait se révéler un peu meilleur. Par la suite, nous envisageons un ralentissement tout au long de l’année sans pour autant que l’économie n’entre en récession. Au niveau microéconomique, la saison des résultats a bien commencé. Par exemple, les banques d’investissement de Wall Street ont enregistré leur meilleur trimestre depuis plus de deux ans, une performance que les banquiers voient comme les premiers signes d’une reprise durable. Par ailleurs, la dynamique autour du thème de l’IA et du progrès technologique reste soutenue. L’évolution récente des marchés montre que l’engouement des investisseurs pour les actions reste fort en dépit des valorisations élevées.
En Europe, notre scénario de base, à savoir celui d’une modeste reprise jusqu’à la fin de l’année 2024 soutenue par un redressement de la consommation, reste intact. Les indices PMI ont fléchi en juin, ce qui est toutefois perçu comme une anomalie passagère dans la tendance à l’embellie. Parmi les services, les entreprises envisagent résolument l’avenir avec optimisme et la demande intérieure reste robuste. Dans le secteur manufacturier, les entreprises retrouvent très progressivement un pouvoir de fixation des prix. En outre, la croissance de l’activité manufacturière se vérifie dans d’autres parties du monde (États-Unis, Royaume-Uni et Inde) et cette reprise mondiale est de nature à soutenir les industriels de la zone euro. Pour l’instant, nous nous abstenons d’augmenter encore notre exposition aux actions européennes en attendant plus clarté sur l’évolution de la politique de la BCE. Le taux de chômage historiquement bas (6,4 %) et les négociations collectives en cours (IG Metall et Verdi en Allemagne, par exemple) pourraient ralentir la décrue de l’inflation cette année, les progrès significatifs vers l’objectif des 2 % étant retardés jusqu’en 2025. En liquidant certaines de nos positions thématiques, nous avons mécaniquement réduit notre exposition aux actions européennes, menant à une légère sous-pondération.
En ce qui concerne les marchés de la zone pacifique, nous avons décidé de réduire l’exposition aux actions japonaises pour tous les profils éligibles. Le yen s’est fortement déprécié et tout retournement de cette tendance serait probablement défavorable aux actions japonaises. À l’heure actuelle, il semblerait que la Banque du Japon (BoJ) intervienne pour soutenir sa monnaie. Entre-temps, les négociations salariales annuelles (« Shunto ») ont débouché sur des augmentations de salaire considérables, parmi les plus importantes depuis 33 ans, tandis que l’indice des surprises économiques est repassé en territoire positif. Cela ouvre la voie à la poursuite de la hausse des taux de la BoJ, qui serait également de nature à stimuler le yen.
MARCHE OBLIGATAIRE
Anticipant une dégradation de la conjoncture macroéconomique aux États-Unis au second semestre et des spreads de crédit de retour à des niveaux extrêmement faibles, nous avons décidé de prendre nos bénéfices et de ramener notre exposition aux obligations américaines à haut rendement à un niveau neutre.
Par ailleurs, nous avons légèrement augmenté notre exposition aux obligations souveraines américaines. Alors que le marché obligataire a connu un début d’année en demi-teinte, avec des performances positives uniquement pour le crédit, les tendances récentes sont encourageantes pour les bons du Trésor (ralentissement de l’inflation, légère dégradation de la conjoncture macroéconomique, Fed progressivement plus conciliante). Nous nous positionnons sur la partie intermédiaire de la courbe (3 à 7 ans). La probabilité croissante d’une victoire de Donald Trump force le marché à intégrer dans ses considérations l’impact de son programme pro-entreprises, qui devrait doper l’économie et creuser un déficit budgétaire déjà considérable, ce qui pourrait pousser les taux longs à la hausse. Historiquement, les bons du Trésor se comportent bien à l’approche des élections américaines, avant de subir une correction dans la foulée. Cet effet devrait être amplifié si la Fed baisse ses taux en septembre ou laisse clairement entrevoir une baisse en novembre.
Par ailleurs, nous surpondérons toujours les obligations d’entreprises européennes de qualité investment grade, dont les spreads peuvent encore se resserrer. Le risque de crédit en Europe a resurgi après la convocation d’élections législatives anticipées en France, mais cela n’a pas duré : les spreads ont retrouvé leur niveau antérieur lorsqu’il est apparu qu’aucun parti aux deux extrêmes de l'échiquier politique ne pourrait obtenir une majorité au parlement. Dans l’ensemble, le contexte reste idéal pour cette classe d’actifs en l’absence de surchauffe ou de coup de froid pour l’économie.
Conclusion
C’est la saison où l’on recharge les batteries pour revenir ensuite au bureau, bronzé et plein d’énergie. Cet été, le marché actions semble lui aussi en pleine forme. Pour que la croissance du marché soit pérenne, il faut que plusieurs dimensions y contribuent, que ce soit en termes de capitalisation boursière, de secteurs ou de styles. Ce n’était pas le cas jusqu’à présent en 2024, les indices boursiers étant presque exclusivement tirés par les géants technologiques. Dans ce sens la rotation qui semble s’amorcer devrait bénéficier au marché des actions De plus, la Réserve fédérale américaine laisse entrevoir un assouplissement monétaire qui est également de bon augure pour les actions. Compte tenu de ces évolutions, nous avons augmenté notre exposition aux actions américaines. Néanmoins, il ne faut jamais faire l’impasse sur la crème solaire, c’est pourquoi nous avons compensé la prise de risque accrue en remplaçant une partie de notre exposition aux obligations à haut rendement par des obligations souveraines américaines.
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